L’Autobiographie d’un prince chrétien – par Gilles Baumont

január 24th, 2023 § 0 comments

compte rendu

Franço­is II Rákó­czi : Con­fes­si­on d’un pé­cheur. Tradu­i­te du la­tin par Chrys­os­to­me Jour­da­in. Édi­ti­on cri­ti­que avec int­ro­duc­tions et no­tes étab­li­es sous la di­rec­ti­on de Gá­bor Tüs­kés. Avant-propos de Jean Gara­pon. Avec la col­la­bo­ra­ti­on de Csen­ge E. Aradi, Il­di­kó Gausz, Zsu­zsan­na Hámo­ri-Nagy, Réka Len­gyel, Zsolt Sze­be­lé­di, Fe­renc Tóth et Anna Tüs­kés. Édi­ti­on re­vue et pré­p­a­rée par Mi­chel Marty. Pa­ris, Ho­no­ré Cham­pi­on, 2020 (Bib­li­othè­que d’études de l’Europe cent­rale, Série « Lit­té­ra­tu­re », No 25), 777 p.

L’ouvrage off­re le pre­mi­er accès intég­ral à l’un des tex­tes les plus per­son­nels de Franço­is II Rá­kó­czi, prin­ce de Transyl­va­nie : sa Con­fes­sio pec­cato­ris. L’édition cri­ti­que s’inscrit dans les ré­cents tra­va­ux me­nés par des cher­che­urs hong­rois et frança­is per­met­tant de re­dé­couv­rir et de fa­ire con­naît­re des as­pects jusqu’alors peu étu­di­és de la vie de ce prin­ce et de ses éc­rits ‒ no­tam­ment un col­lo­que or­ga­ni­sé à Bu­da­pest en mai 2022,[1] qui a ré­uni près d’une ving­taine de spé­ci­a­l­is­tes, au­to­ur de Gá­bor Tüs­kés.[2] Le­urs com­mu­ni­ca­tions ont rév­élé en par­ti­cu­li­er le lett­ré qu’était Rá­kó­czi, au fil de recher­ches sur les co­u­rants jan­sé­nis­tes et leur dif­fu­si­on dans la lit­té­ra­tu­re en Europe.

Mais la sour­ce qui per­met d’approcher plus in­tim­ement la per­son­na­li­té comp­le­xe du Prin­ce, est la pub­li­ca­ti­on ré­cen­te de la Con­fes­si­on, éc­ri­te en la­tin par Rá­kó­czi. La Con­fes­si­on d’un pé­cheur est la tra­duc­ti­on du la­tin en frança­is ré­a­li­sée par le père Chrys­os­to­me Jour­da­in (1732‒vers 1778), pri­eur des Cam­al­dul­es à Gros­bo­is. Il ent­rep­rit ce tra­va­il bien après la mort du Prin­ce ; cela mont­re que le dé­sir de Rá­kó­czi ava­it été pré­ci­e­us­ement gar­dé par les pè­res Cam­al­dul­es. L’analyse cri­ti­que de cet­te tra­duc­ti­on a été dé­ta­il­lée par Il­di­kó Gausz, de l’Université de Sze­ged, qui sou­lig­ne dans l’introduction le so­u­ci de cl­ar­té, de lo­gi­que, de ri­gu­eur du tra­duc­teur : « la maît­ri­se avec la­qu­el­le Jour­da­in ma­nie le la­tin po­pu­laire de Rá­kó­czi res­ti­tue la per­fec­ti­on de ce chef‑d’ œuvre qu’est la con­fes­si­on. » Ce tra­va­il d’érudition ap­porte un en­semb­le d’informations et des pis­tes de réf­le­xion sur des as­pects de son par­co­urs qui pe­u­vent fa­ire écho aux dif­fi­cul­tés con­tem­po­ra­ines, au­tant qu’à des quest­ions uni­ver­sel­les. Ce tex­te de plus de 400 pa­ges, où Rá­kó­czi ra­con­te lui-même en dé­ta­il tou­tes les pér­io­des de sa vie et ses états d’âme, cons­ti­tue une rareté.


Cou­ver­tu­re de l’édition cri­ti­que de la Con­fes­si­on d’un pécheur

Le prince dans la Confession

Né le 27 mars 1676 à Bor­si (ac­tu­el­le­ment en Slo­va­quie), mort à Ro­dos­to (ac­tu­el­le­ment Te­kir­dağ, Tur­quie) le 8 av­ril (le vend­re­di sa­int) 1735, Rá­kó­czi est l’héritier d’une famil­le très ri­che de la nob­lesse hong­roi­se, qui as­so­cia son des­tin à une très lon­gue tra­di­ti­on d’autonomie cont­re les pu­is­san­ces, no­tam­ment la ma­i­son d’Autriche, pro­vo­qu­ant des guerres an­cest­ra­les, sur fond de pro­fon­des que­rel­les re­li­gi­e­us­es et ter­ri­to­ria­les. Des soulè­ve­ments fu­rent or­ga­ni­sés par la lig­née de cet­te famil­le, de­pu­is son ar­riè­re grand-père Ge­or­ges Ier, jusqu’à sa mère Hélè­ne Zri­nyi. Cet­te his­to­ire est bien do­cu­men­tée par les ar­chi­ves dip­lo­ma­ti­ques, et par des étu­des déjà pub­li­é­es aux XIXe et XXe siècles.

Le prin­ce nous rap­pel­le des fa­its his­to­ri­ques : de­pu­is l’an 1000, le pape Syl­vestre II, en co­u­ron­nant le pre­mi­er roi ch­ré­ti­en de Hong­rie, Saint-Etienne, plaça le ro­ya­u­me de Hong­rie à l’abri des pré­tent­ions des so­u­ve­ra­ins ger­ma­ni­ques. En 1222, la Bul­le d’Or d’André II, qui au­to­ri­sa­it la rés­is­tance ar­mée et lég­ali­sa­it les ré­vol­tes no­bi­li­a­i­res, est abo­lie par la diè­te de Pres­bourg en 1687. L’Empire mène une po­li­ti­que très rép­r­es­sive dans ces ter­ri­to­ires, pro­vo­qu­ant de nomb­re­us­es ré­vol­tes des ku­rucs (les croi­sés ou les mé­cont­ents, noms don­nés aux in­sur­gés hong­rois lors des pré­cé­den­tes ré­vol­tes). Ain­si, « la ré­vol­te que mène le prin­ce Fe­renc II Rá­kó­czi de 1703 à1711 s’inscrit dans une lon­gue lig­née de conf­lits op­pos­ant le pe­up­le hong­rois à la dy­nas­tie des Habs­bourg ».[3]

Mais les évè­ne­ments et les ren­ver­se­ments d’alliances met­tent un ter­me à son ac­ti­on mi­li­taire, ce qu’il vit comme un échec. Il ar­rive en France en 1713, et bé­né­fi­cie de l’aide de Lo­u­is XIV, qui ava­it so­u­tenu la ca­u­se hong­roi­se an­té­ri­eu­re­ment. Il reço­it pro­tec­ti­on et sub­sis­tance. Rá­kó­czi est al­ors très pro­che de la cour et as­sis­te à l’agonie du roi. La mort du so­u­ve­ra­in le 1er sept­em­b­re 1715 a cons­ti­tué un évé­ne­ment mar­qu­ant dans sa vie. Sa ret­ra­i­te à « La Cam­al­dule de Gros­bo­is », où il com­mença de réd­iger la Con­fes­si­on, va prend­re un sens particulier.

La Con­fes­si­on con­ti­ent des in­for­ma­tions très in­struc­ti­ves sur sa for­ma­ti­on mo­rale, qui font écho à Saint-Augustin et an­non­ce Jean-Jacques Rous­seau. Franço­is reçut sa pre­miè­re édu­ca­ti­on à par­tir de 1688, au collè­ge des Jé­su­i­tes, à Ne­u­ha­us (aujourd’hui en Tché­quie), puis il « fait » ses hu­ma­ni­tés à Pra­gue. Dans la Con­fes­si­on, il est très cri­ti­que à l’égard des pè­res jé­su­i­tes, dont il juge l’enseignement et le com­port­ement trop in­dul­gents ; les nomb­re­ux com­men­tai­res du prin­ce mont­rent com­ment il a for­mé sa pen­sée re­li­gi­e­u­se pré­ci­sé­ment cont­re cet en­sei­gne­ment ; par ail­le­urs, il dé­non­ce jusqu’à le­urs ma­u­vaises int­ent­ions et ma­ni­pu­la­tions, « le­urs pro­cé­dés in­sincè­res », af­fec­tant sa famil­le. « Les Jé­su­i­tes sont les spo­lia­te­urs du tes­ta­ment des Pè­res ; je fei­gna­is so­u­vent être dans les sen­ti­ments de ces mécréants. »

Il déc­rit les dé­buts de sa vie d’enfant, puis de prin­ce comme un con­ti­nu­el comp­lot cont­re lui, qu­and il ne su­bit pas l’adversité des ac­ci­dents sur ter­re ou sur mer. Il est vrai que le par­co­urs de l’homme de guerre s’est avé­ré très ris­qué, avec des pé­ri­pé­ti­es dont les anec­do­tes ont cont­ri­bué par­fo­is à la cré­a­ti­on de son per­son­nage ro­ma­nes­que. Il ra­con­te l’épisode du vol d’objets, dont il s’accuse, en pré­cis­ant : « d’ailleurs ce n’était pas dans le lar­cin que je tro­u­va­is mon pla­isir, mais dans la cho­se vo­lée » ; cu­ri­e­us­es res­semb­lan­ces, par les exp­li­ca­tions et les sub­ti­li­tés des cons­ci­en­ces au pri­se avec la cul­pa­bi­li­té : cel­le as­so­ci­ée aux re­mords de Jean-Jacques Rous­seau dans l’épisode du ru­ban volé ; cel­le du vol des po­ires par Saint-Augustin qui avo­ue : « et ce n’est pas de l’objet con­vo­i­té par mon lar­cin, mais du lar­cin même et du péché que je vo­u­la­is jou­ir ». Saint-Augustin, lui aus­si au­teur de Con­fes­sions, sera le modè­le par­fa­it pour Rá­kó­czi. Les par­co­urs des deux hom­mes, pas­sant d’une vie la plus déb­ri­dée à une dé­vo­ti­on extrê­me, pré­sent­ent des si­mi­li­tu­des étonnantes.

Gros­bo­is est un lieu en­to­u­ré de forêts, surp­lom­bant les val­lé­es de l’Yerres[4] et de son aff­lu­ent le Réve­il­lon. Aujourd’hui, il res­te peu des bâ­ti­ments con­ven­tu­els, mais le qu­ar­ti­er a con­ser­vé son charme, son bon air et ses sour­ces d’eau, mal­g­ré l’urbanisation prog­r­es­sive du XXe sièc­le. C’est Gros­bo­is, lieu au­qu­el Rá­kó­czi, plus d’une fois, ra­con­te son attachement.

L’histoire des Cam­al­dul­es d’Yerres a été très bien déc­ri­te dans le liv­re de Lu­cia Lap­or­te,[5] dans le­qu­el la pré­sen­ce du prin­ce Rá­kó­czi est bien do­cu­men­tée. Mal­g­ré les in­for­ma­tions cont­ra­dic­to­ires des dif­fé­rents ch­ro­ni­qu­e­urs, comme le duc de Saint-Simon ou le mar­quis de Dan­geau, on peut aujourd’hui af­fir­mer que Rá­kó­czi, tout en par­ti­ci­pant à la vie re­li­gi­e­u­se au mi­li­eu des mo­ines, éta­it res­té le prin­ce ac­com­pag­né d’une su­i­te, même rest­re­in­te, comme en at­tes­tent les Ar­chi­ves d’Yerres. Il est cert­ain qu’il res­ta­it in­for­mé des évè­ne­ments dip­lo­ma­ti­ques qui imp­li­qu­a­i­ent les grand­es pu­is­san­ces, de l’Empire des Habs­bourg à la Suè­de et à l’Angleterre, de la France à l’Espagne, de la Rus­sie à la Por­te (Tur­quie). Rá­kó­czi, mal­g­ré sa ret­ra­i­te à Yer­res, n’avait pas re­non­cé à la dé­fen­se de sa patrie.

Mais c’est à Gros­bo­is, qu’il éc­rit, en la­tin, la pre­miè­re par­tie de la Con­fes­sio pec­cato­ris. Il éc­ri­ra les deux aut­res par­ti­es en Tur­quie, et les ad­res­se­ra au pri­eur. Il lit les Éc­ri­tu­res, plus par cu­ri­o­si­té que par faim de no­ur­ri­tu­re spi­ri­tu­el­le. « J’y tro­u­ve des obs­cu­ri­tés qu’on ne peut comp­rend­re qu’en ayant la foi. » Son sé­jour au cou­vent fut as­sez co­urt, de mai 1715 au 17 août 1717, mais so­u­vent ent­re­co­u­pé de dép­lace­ments à Ver­sailles ou Fon­ta­ine­b­leau, où les oc­cas­ions des di­vers pla­isirs de la cour, out­re ce­lui de la chas­se à co­ur­re, le fa­isa­i­ent « rep­lon­ger » dans le péché.

Dans la Con­fes­si­on, il ra­con­te lui-même son par­co­urs comp­le­xe, avec for­ce dé­ta­ils, et les tra­va­ux ac­tu­els des hist­ori­ens mont­rent qu’il y a peu d’erreurs à re­le­ver dans ses éc­rits. L’une des ori­gi­na­li­tés de la con­fes­si­on rés­i­de dans le fait, qu’au long des 400 pa­ges, il mé­lan­ge les fa­its ch­ro­no­lo­gi­ques avec les réf­le­xions et les aff­res du ch­ré­ti­en aux pri­ses avec sa cons­ci­en­ce de pé­cheur, so­u­mis par Dieu aux pas­sions hu­ma­ines. Il révè­le al­ors sa con­vers­ion à un ch­ris­ti­an­is­me pro­che du jan­sé­n­is­me – quoiqu’il s’en dé­fen­de par­fo­is. Par ail­le­urs, les pè­res Cam­al­dul­es éta­i­ent sym­pat­his­ants des idé­es de Port-Royal.

Cet­te do­ub­le pré­s­en­ta­ti­on dans l’écriture, condu­it à la pro­duc­ti­on d’un sty­le par­ti­cu­li­er de ré­cit : tantôt, il s’adresse à Dieu, tantôt aux hom­mes, et même à ses po­ten­ti­els fu­turs lec­te­urs. « Ce n’est pas aux hom­mes, c’est à Dieu que je par­le, et vers la fin du tex­te, je dois à mes lec­te­urs tout ce qui est de ma vie pas­sée […] je vous con­sac­re ma plume […]. » Peut-être est-ce là que Rá­kó­czi a cons­ci­en­ce qu’il ent­re en littérature.

C’est dans cet­te pers­pec­tive que les tra­va­ux de Gá­bor Tüs­kés et de ses confrè­res révè­lent chez Franço­is Rá­kó­czi l’homme de lit­té­ra­tu­re. C’est un gen­re par­ti­cu­li­er, qui se pré­sen­te se­lon des sty­les dif­fé­rents, un peu comme une œuvre mu­si­cale où des cli­mats dif­fé­rents se suc­cé­de­ra­i­ent, puis se mé­lang­er­a­i­ent jus­que dans un fi­nal te­in­té d’un ton prophétisant.

Il dév­e­lop­pe sa pen­sée sur plu­sieurs re­g­ist­res : ce­lui du mo­ra­l­is­te, qui con­naît le cœur de l’homme conf­ron­té à ses pas­sions ; ce­lui du thé­o­lo­gi­en, qui analy­se sans relâ­che la na­tu­re de Dieu et la prob­lé­ma­ti­que du libre-arbitre et de la grâ­ce ; ce­lui du phi­lo­sop­he, qui dé­non­ce les faux-semblants. Par­fo­is, le sty­le s’enflamme, ap­pro­chant peut-être l’exaltation des grands mystiques.

Le tit­re prin­ci­pal est « Con­fes­si­on d’un pé­cheur, qui pros­ter­né de­vant la crê­che du Sau­veur no­u­vel­le­ment né, dép­lo­re dans l’amertume de son cœur sa vie pas­sée et se rap­pel­le les grâ­ces qu’il a reçues et la condu­i­te de la Pro­vi­den­ce sur lui… » Le tex­te en­ti­er de la con­fes­si­on a pour toi­le de fond un quest­ion­ne­ment, un ent­re­ti­en avec Dieu ou Jé­sus, une priè­re et une imp­lo­ra­ti­on per­ma­nen­tes. « Ô mon Jé­sus, je vous sens au-dedans de moi-même », ces pre­mi­ers mots de la con­fes­si­on font ré­fé­ren­ce à Saint-Augustin, qui est comme son modè­le. Rá­kó­czi semb­le par­fo­is ha­bi­té, comme le sont les mys­ti­ques, et on tro­u­ve sous sa plume les no­tions de lu­miè­re et d’illumination. Il vit sa re­la­ti­on à Dieu dans sa chair, et con­naît les aff­res des grand­es pas­sions hu­ma­ines et les to­ur­ments de sa conscience.

Bien qu’il soit im­pos­sib­le de con­naît­re ses rap­ports di­rects avec son en­to­u­rage et les con­versa­tions qu­ot­i­di­ennes, on est cu­ri­e­ux de comp­rend­re po­ur­qu­oi il eut be­so­in d’écrire une tel­le con­fes­si­on ? Si le prin­ce Rá­kó­czi, homme pub­lic, ex­erça­it une sor­te de fasci­na­ti­on sur ses pro­ches, cela ne po­u­va­it pas comb­ler sa vér­itab­le vo­ca­ti­on. Quel meil­leur con­fi­dent, al­ors, qu’un éc­rit en lan­gue latine ?

En de nomb­re­us­es oc­cur­ren­ces, ap­pa­raît le cont­ras­te ent­re le prin­ce or­gu­e­il­le­ux et son extrê­me hu­mi­li­té af­fic­hée. « Vot­re Pro­vi­den­ce me pré­pa­ra­it à mon­ter sur un théât­re, où je de­va­is fa­ire le per­son­nage, non d’un Prin­ce men­ant une vie pri­vée, mais qui go­u­ver­ne les hom­mes […]. C’est l’ œuvre de vot­re grâ­ce sur moi. » Il évo­que « Les abo­mi­na­tions de ma vie ; mon cœur éta­it loin de vous. » L’un des ca­ractè­res ori­gi­na­ux de ce tex­te est que l’auteur fait un lien ét­ro­it ent­re les ré­cits his­to­ri­ques et les élé­ments re­li­gi­e­ux, al­ter­nant en per­ma­nen­ce les uns et les aut­res, par­fo­is dans les mê­mes lon­gues ph­ras­es : « les misè­res de mon pe­up­le éta­i­ent sans nomb­re et sans me­sure ; tout ce que je fa­isa­is de bien éta­it mal à vos yeux ».

Le pé­cheur est so­u­vent ame­né à dis­sé­quer les pas­sions hu­ma­ines, ce qui se rap­porte à sa vie d’homme ; on cro­i­ra­it lire un tra­i­té des pas­sions, à la ma­niè­re de Des­cartes ou Spi­no­za. « L’amour pro­fa­ne se glis­se dans mon cœur ; l’amour-propre, c’est mon aut­re en­ne­mi à com­bat­tre. ». Au co­urs d’un sé­jour à Nap­les, de­vant le Vé­su­ve, il est sen­sib­le aux be­au­tés de la na­tu­re qui « pe­u­vent ent­raî­ner la cu­pi­di­té qui est avi­de de con­naît­re pour le pla­isir de connaître. ».

Dans de lon­gues descript­ions qu’il fait des évè­ne­ments po­li­ti­ques ou mi­li­tai­res, et de ses ar­gu­men­ta­tions stra­té­gi­ques, il nous condu­it dans de lon­gues dig­r­es­sions sur les des­se­ins sec­rets de Dieu. « C’est ici que la hau­teur de vot­re sa­ges­se sur­pas­se tou­tes les pu­is­san­ces de l’intelligence hu­maine. » Il s’interroge sur la na­tu­re de la foi et il voit les cont­ra­dic­tions des dif­fé­ren­tes pra­ti­ques re­li­gi­e­us­es : « les chos­es sont comme Vous les avez fa­i­tes. » « L’esprit s’attache à son Dieu, dont il est une por­ti­on. » Il ten­te d’analyser l’usage que l’on fait de sa li­ber­té, de­vant Dieu : il énon­ce l’idée jan­sé­nis­te, que « la grâ­ce ne vi­ent pas de la li­ber­té de l’homme ». « Mais po­ur­qu­oi tous ne pe­u­vent pas être sau­vés », de­man­de t‑il? Il nous off­re une sor­te de clé mys­ti­que : « il faut donc que je me tran­sporte hors de moi. » Il dé­non­ce la fa­usse foi : « on re­jet­te les mo­u­ches et les pu­ce­rons, pen­dant qu’on avale des chameaux. »

A la fin de la con­fes­si­on, Rá­kó­czi éc­rit po­ur­tant : « Je dé­tes­te les pro­po­sit­ions con­dam­né­es du jan­sé­n­is­me, je ne nie point la li­ber­té qu’a l’homme de fa­ire le bien ou le mal, ni sa co­o­pé­r­ati­on avec Dieu pour les bon­nes œuvres. Je re­con­na­is aus­si que l’homme peut rés­is­ter à la grâ­ce in­té­ri­eu­re. Tout at­ta­ché à la doctri­ne de S. Au­gus­tin et de S.Thomas, sur la pr­édest­i­na­ti­on, je suis bien élo­ig­né de nier la li­ber­té et sa co­o­pé­r­ati­on. L’homme par na­tu­re tend au mal, mais la cu­pi­di­té lui pré­sen­te ce mal comme un bien. »

Au co­urs de longs dév­e­lop­pe­ments, d’une lo­gi­que im­plac­ab­le, on dé­couvre une sor­te de dia­lec­ti­que Rá­kó­czi­en­ne, à la ma­niè­re de Soc­ra­te. Rá­kó­czi le prophè­te :  «La fin des tem­ps est sans dou­te pro­che, en voyant un tel ref­ro­i­dis­se­ment de la charité. »

Sans em­pi­é­ter sur le ter­ra­in des spé­ci­a­l­is­tes, rapp­e­lons que Rá­kó­czi a déjà la rép­uta­ti­on d’un grand lec­teur. Il en fait al­lu­si­on à Gros­bo­is. Et sa bib­li­othè­que de Ro­dos­to est bien fo­ur­nie. Il exp­li­que les deux façons de le lire, soit se­lon l’esprit mon­da­in, soit se­lon la lu­miè­re du Seigneur.

Rá­kó­czi est égale­ment un pen­seur po­li­ti­que : « D’ailleurs les Hong­rois ne sont les su­jets de le­urs rois, mais de le­urs lois. » « Ô Prin­ces qui li­rez cet­te con­fes­si­on d’un Prin­ce pé­cheur, app­re­nez donc à ne con­sul­ter des hom­mes qu’après avo­ir con­sul­té Dieu, si vous vo­ulez sa­tis­fa­ire à vot­re ob­li­ga­ti­on pre­miè­re qui est cel­le du ch­ré­ti­en et en­su­i­te à cel­le de vot­re état. » Dans la so­li­tu­de du « dé­sert », l’écriture est pour lui comme une no­u­vel­le ac­ti­on ; la priè­re et le si­len­ce de la règ­le monas­ti­que, fa­vo­risè­rent cert­aine­ment son ins­p­ira­ti­on. L’écrit en la­tin, lan­gue de sa pre­miè­re édu­ca­ti­on vi­ent té­mo­ig­ner, sur le pa­pier, de la rév­él­ati­on qu’il reçut à Gros­bo­is. Et le prin­ce a une gran­de cons­ci­en­ce de l’importance de ses mes­sa­ges : « Je n’écris pas pour les mon­da­ins, mais pour les adora­te­urs de vot­re providence. »


Ádám Má­nyo­ki : Port­ra­it du prin­ce Franço­is II Rá­kó­czi, 1712,
© Mu­sée des Beaux-Arts, Budapest

Un trésor aux Archives d’Yerres

 « Je me ret­ira­is dans ma so­li­tu­de des Cam­al­dul­es, sans aut­re su­i­te que trois do­m­es­ti­ques. C’était le jour même de S. Au­gus­tin » (le merc­re­di 28 août 1715). Les Ar­chi­ves com­mu­na­les d’Yerres con­ser­vent les re­g­ist­res pa­rois­si­a­ux, le pre­mi­er acte ét­ant daté de 1622. Mal­g­ré qu­el­ques la­cu­nes au XVIIe sièc­le, les an­né­es yer­roi­ses du Prin­ce Rá­kó­czi sont bien pré­sen­tes. On peut ai­sé­ment ret­ro­u­ver sur le re­g­ist­re,[6] où le Prin­ce de Transyl­va­nie est cité, avec tous ses tit­res, les noms et qu­a­li­tés de ces do­m­es­ti­ques. « Le dix-huitième jour du mois de jan­vi­er mil sept cent dix sept a été bap­ti­sée Franço­i­se Thérè­se Cha­illou née du quin­ze de ce mois fil­le de Jean Cha­illou, pa­le­f­re­ni­er de son al­tes­se se­re­nis­si­me Sei­gneur Franço­is Ra­got­zi se­cond de ce nom, prin­ce so­u­ve­ra­in de Tran­sil­va­nie et de Mar­gue­ri­te Dre­ux (?) sa lé­gi­ti­me épo­u­se, le père de l’enfant ét­ant ab­sent, le par­ra­in est mon dit Sei­gneur Franço­is Ra­gokzy prin­ce so­u­ve­ra­in de Tran­sil­va­nie. » Su­i­vent les sig­na­tu­res, et cel­le du prin­ce : « Franço­is Prin­ce ».[7]

Le nom du Prin­ce est en­co­re cité dans l’acte du 28 jan­vi­er 1717, où est bap­ti­sée Magde­laine Da­vid, fil­le de son pos­til­lon. Le par­ra­in est Jac­ques Char­riè­re, cité comme su­is­se du prin­ce. En­fin, le 18 oc­tob­re 1717 mil sept cent dix sept, a lieu la bé­né­dic­ti­on nup­ti­ale de Pier­re Du­bu­is­son « jar­di­ni­er aux Cam­al­dul­es dans la ma­i­son de Mon­sei­gneur le Comte de Cha­ros­se Franço­is se­cond du nom prin­ce de Ra­gots­ki so­u­ve­ra­in de Trans­syl­van­nie ».[8] Ce jar­di­ni­er ne fait sans dou­te pas par­tie des emp­loyés du prin­ce. La pré­sen­ce à Gros­bo­is d’un pa­le­f­re­ni­er et d’un pos­til­lon à son ser­vi­ce, con­fir­me que Rá­kó­czi ava­it be­so­in de se dép­la­cer fa­ci­le­ment, en calè­che, ou à cheval.


Cou­vent des Cam­al­dul­es de Gros­bo­is, Plan de l’Atlas Bert­hi­er 1718,
Ar­chi­ves na­ti­o­nal­es, Cote : 173 bis AP 116 bis.
Les cel­lu­les des mo­ines sont bien visibles

L’homme public, un personnage romanesque

L’importance de ces évè­ne­ments, comme aus­si la for­te per­son­na­li­té de Rá­kó­czi cont­ri­buè­rent à la for­ma­ti­on d’un my­the ro­man­ti­que, dont mu­si­ci­ens, éc­ri­va­ins ou ci­né­as­te s’inspirèrent tout en l’accentuant. Ain­si, en 1846, Hec­tor Ber­li­oz joua sa « Mar­che de Rá­kó­czi » ou « Mar­che hong­roi­se »,va­ri­a­ti­on d’une an­ci­en­ne com­p­la­in­te hong­roi­se, pour son opé­ra « La Dam­na­ti­on de Fa­ust ». Fe­renc Liszt l’adapta pour pi­a­no et or­chest­re. Le ro­man de l’abbé Pré­v­ost, Ma­non Les­caut, pub­lié en 1731, met en scè­ne Franço­is Rá­kó­czi, comme ét­ant le prin­ce de R du ro­man, et l’Hôtel de Transyl­va­nie, ma­i­son de jeu pa­ri­sien­ne fré­qu­en­tée par les grands sei­gne­urs. Le rôle sup­po­sé du prin­ce est ce­pen­dant cons­idé­ré comme un élé­ment de fic­ti­on. Vol­taire met en scè­ne Rá­kó­czi, dans le Can­di­de (1759) : Cu­n­é­gonde tro­u­ve re­fu­ge auprès du prin­ce, sur les ri­ves de la mer de Mar­ma­ra, lieu où il dé­cé­da en 1735.

Au ci­né­ma, plus pro­che de no­tre épo­que, reportons-nous à An­gé­li­que, mar­qui­se des an­ges, « série » de films de Ber­nard Bor­de­rie (1966) : dans An­gé­li­que et le Roy, « An­gé­li­que est char­gée par Lo­u­is XIV d’accomplir une mis­si­on auprès de l’ambassadeur de Per­se. Celui-ci s’éprend de la bel­le et, de­vant sa rés­is­tance, la sé­quest­re. Le Prin­ce hong­rois Rá­kó­czi est al­ors char­gé de la dé­liv­rer. L’ambassadeur n’abandonnant pas, Col­bert tire An­gé­li­que d’embarras en la fa­is­ant pas­ser pour la fa­vo­ri­te du roi. To­u­jours po­ur­su­i­vi, le Prin­ce Rá­kó­czi se ré­fu­gie chez An­gé­li­que et ne tar­de pas à de­ve­nir son amant, ce qui at­ti­se la ja­lo­u­sie du roi… ».[9] Il est vrai, qu’en deh­ors de ses grand­es qu­a­li­tés mo­ra­les, déc­ri­tes par Saint-Simon, Rá­kó­czi éta­it bel homme, et ne se cacha­it pas d’user ‒ vo­ire d’abuser ‒ de sa sé­duc­ti­on naturelle !

A Yer­res, la pré­sen­ce du Prin­ce Rá­kó­czi est con­nue de­pu­is 1936, qu­and l’Association Hong­roi­se de Pa­ris éc­ri­vit au Ma­ire pour de­man­der l’érection d’un mo­nu­ment com­mé­mo­ra­tif à l’emplacement du cou­vent des Cam­al­dul­es, où le Prin­ce ava­it fait ret­ra­i­te. La de­man­de fut ac­cep­tée et une stè­le fut ré­a­li­sée par le sculp­teur hong­rois Jo­seph Csá­ky et ina­u­gu­rée le 12 juin 1937 et ér­igée à pro­xi­mi­té de l’ancienne ent­rée du mon­astè­re. En 1978, fut amé­na­gé le squ­a­re Rá­kó­czi plus spa­ci­e­ux, à l’emplacement des an­ci­ennes cel­lu­les des mo­ines ; la stè­le y fut rep­la­cée à cet­te oc­cas­ion. On peut y lire l’épitaphe : « à la mé­mo­ire de Franço­is II Rá­kó­czi al­lié de Lo­u­is XIV chef de la guerre d’indépendance hong­roi­se 1676–1735 ; il véc­ut dans la ret­ra­i­te au mon­astè­re des Cam­al­dul­es de 1715 à 1717 ; se­lon sa vo­lon­té son cœur re­po­se dans la paix de cet­te ter­re ».[10]

Rá­kó­czi ava­it con­nu une vie mo­u­ve­men­tée, par les voyages, les com­bats et les exils. Por­té par une con­vic­ti­on fa­ro­u­che cont­re l’injustice du monde, Yer­res lui ap­por­ta une paix qu’il n’oublia ja­ma­is : « je n’avais ja­ma­is joui d’une vie plus do­u­ce et plus tran­quil­le » (Lett­re du 8 août 1715) et « le cont­en­te­ment dans le­qu­el je jou­is dans ma so­li­tu­de est dig­ne d’envie de­pu­is un an que j’y suis ; mon goût, loin de di­mi­nu­er, aug­men­te ; ain­si, je com­men­ce à m’accommoder et dem­e­u­re prêt à y fi­nir mes jours. » (Lett­re du 16 oc­tob­re 1716).[11]

« Ce sa­int er­mi­tage où je suis pré­sen­te­ment, […] mon he­u­re­u­se et tran­quil­le so­li­tu­de ». Nous, je­u­nes yer­rois, avons con­nu dans les an­né­es 1950 et 1960 les ra­res vestiges de l’ermitage (ou cou­vent) des Cam­al­dul­es ; no­tam­ment la stè­le et son inscript­ion. Nous étions int­ri­gu­és par l’histoire du cœur, en­fer­mé dans une urne en or. Où éta­it donc pas­sé le cœur de Rá­kó­czi, de quoi se ra­con­ter be­a­u­co­up d’histoires… Saura-t-on un jour ? Le plus émo­u­vant n’est-il pas ‒ une fois en­co­re par l’écrit ‒ le té­mo­ig­nage de sa pré­sen­ce par la sig­na­tu­re sur le re­g­ist­re pa­rois­si­al d’Yerres ?


Grosbois/Yerres : Ra­res vestiges du cou­vent, ég­li­se en par­tie
(dé­cem­b­re 2022)

En guise de conclusion

« Eco­u­tez Prin­ces et Pe­up­les de la ter­re : le sei­gneur m’a ap­pe­lé du vent­re de ma mère, non pour m’établir en tant que prophè­te, doc­teur, ou ré­for­ma­teur, mais en exemp­le de sa jus­ti­ce dans mon aba­is­se­ment et de sa mis­éri­cor­de dans ma con­ser­va­ti­on et mon hu­mi­lia­ti­on. » « Qu’il me soit donc per­mis d’élever ma voix de la so­li­tu­de ou plutôt de l’antre obs­cur de mon pè­le­ri­nage, et de par­ler à mes en­fants dans l’effusion de mon cœur et la can­deur de mon âme, puisqu’il ne me res­te cet­te se­u­le oc­cas­ion où je pu­is­se et où je do­ive me so­u­ve­nir que je suis père. J’entreprends un ouv­rage con­ven­ab­le en tout sens, à la vé­ri­té con­for­me à ma vo­ca­ti­on, mais je vais trai­ter une ma­tiè­re qui blesse la cu­pi­di­té… » Cet ext­ra­it est le dé­but du pro­lo­gue d’un ma­nuscrit que Rá­kó­czi éc­ri­vit en la­tin, et tra­du­i­sit lui-même en frança­is : c’est le Tra­i­té de la Pu­is­sance,[12] dans le­qu­el il analy­se la pu­is­sance de la dro­i­te ra­i­son, puis la pu­is­sance de la cha­ri­té. Par son par­co­urs, comme dans son mes­sage po­li­ti­que, ne trouve-t-on pas la recher­che dé­li­ca­te ent­re ac­ti­on et sa­ges­se ? La pré­sen­ce du prin­ce Rá­kó­czi par­mi les mo­ines Cam­al­dul­es fait dé­couv­rir le ch­ré­ti­en qu’il éta­it, un homme d’une hau­te va­leur spi­ri­tu­el­le. Son ouv­rage fut-il ins­pi­ré par Dieu, cet­te quest­ion res­te po­sée pour la Bib­le ? Le prin­ce ch­ré­ti­en donne sa ré­p­on­se : « c’est de Vous que je ti­ens ce que j’écris ».

Pour nous, lec­teur du XXIe sièc­le, son éc­rit, à plu­sieurs di­men­sions, semb­le to­u­cher à l’intemporel. La lec­tu­re, par­fo­is ar­due, de la con­fes­si­on, ne la­is­se­ra pas in­dif­fé­rent l’amateur et le cher­cheur, pa­ti­ents et cu­ri­e­ux : ils y tro­u­ve­ront des ri­ches­ses in­so­upçon­né­es, et un sty­le, une am­bi­ance que se­u­le, l’intimité du lec­teur avec son tex­te, est à même de fa­ire dé­couv­rir et app­ré­ci­er. Cet­te édi­ti­on y ap­porte une aide es­sen­ti­el­le. Don­nons le der­ni­er mot à Gá­bor Tüs­kés : « l’édition cri­ti­que des tex­tes en la­tin et en frança­is cont­ri­bu­e­ra à un re­gain d’intérêt in­ter­na­ti­o­nal dans la recher­che sur Rá­kó­czi. Une analy­se dé­ta­il­lée ne man­que­ra pas d’apporter de nomb­re­us­es sur­pri­ses dans plu­sieurs dis­cip­li­nes. » Un ouv­rage qu’on se doit de re­com­men­der à tous qui s’intéressent à la lit­té­ra­tu­re, à l’histoire et aux rap­ports franco-hongrois.


Sig­na­tu­re de Franço­is II Rá­kó­czi or­née d’un él­égant pa­rap­he,
ment­ion du 18 jan­vi­er 1717,
Re­g­ist­res pa­rois­si­a­ux d’Yerres,
Ar­chi­ves com­mu­na­les d’Yerres, Cote E 3

Notes

[1] Col­lo­que qui s’est tenu à Bu­da­pest du 11 au 15 mai 2022, in­ti­tu­lé « Les jan­sé­n­is­mes et la lit­té­ra­tu­re en Euro­pe cent­rale ». https://www.youtube.com/watch?v=9yhNHC-dOHA&t=2s

[2] Gá­bor Tüs­kés est di­rec­teur de recher­ches à l’Institut d’Études Lit­té­ra­i­res, Cent­re de recher­ches en sci­en­ces hu­ma­ines, Budapest.

[3] Yves-Marie Ro­cher, Lo­u­is XIV et la guerre d’Indépendance hong­roi­se (1701–1711). Un vér­itab­le al­lié ? Re­vue his­to­ri­que des ar­mé­es 263/2011, p. 63‒74.

[4] Yer­res, aujourd’hui Com­mu­ne de l’Essonne ; an­ci­en­ne pa­rois­se de la Brie, en ré­gi­on pa­ri­sien­ne, où éta­it si­tué de­pu­is 1642 le Cou­vent des Cam­al­dul­es de Grosbois

[5] Lu­cia Lap­or­te, Yer­res, les Cam­al­dul­es au cœur de l’histoire (Pa­ris, L. Lap­or­te, 2012).

[6] Cote E 3 des Ar­chi­ves com­mu­na­les d’Yerres.

[7] La sig­na­tu­re, inscri­te par Rá­kó­czi en sur­imp­r­es­si­on du tex­te, a été dé­to­u­rée par le ser­vi­ce com­mu­ni­ca­ti­on d’Yerres.

[8] Le nom du Prin­ce con­naît plu­sieurs ort­ho­gra­p­hes, peut-être à ca­u­se de la pro­non­ci­a­ti­on imp­ré­ci­se de son nom ; le « Comte de Cha­ros­se », en so­u­ve­nir de Sá­ros, do­maine fa­mi­li­al, éta­it des­ti­né à prés­er­ver l’incognito so­u­ha­i­té par Rá­kó­czi lui-même.

[9] https://play.google.com/store/movies/details/Ang%C3%A9lique_et_le_Roy?id=a8o651_zHjo&hl=en&gl=US

[10] Yer­res et les au­to­ri­tés hong­roi­ses com­mé­morent cha­que an­née au mois de sept­em­b­re leur hé­ros na­ti­o­nal, le prin­ce Franço­is II Rá­kó­czi, qui s’était re­ti­ré au cou­vent des Cam­al­dul­es, si­tué sur le ter­ri­to­ire de cet­te com­mu­ne. Con­nu pour avo­ir mené la guerre d’indépendance cont­re l’Autriche des Habs­bourg en 1703, c’est bien le chef de guerre qui re­cu­e­ille les hon­ne­urs, tant il dé­montra sa dé­ter­mi­na­ti­on et son co­u­rage, su­i­vant l’héritage familial.

[11] Lett­res ad­res­sé­es au card­i­nal Gu­al­te­rio, non­ce du Pape à Paris.

[12] Tra­i­té de la pu­is­sance de la cha­ri­té, 7e ca­hi­er (Pro­lo­gue). Mé­dia­thè­que de Troyes, cote Ms 2147.

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